Parcours de Docteurs #16 : Mickael Ehrminger PhD

Mickael Ehrminger PhD
Chercheur chez Kwit et Podcasteur « Les Maux Bleus »

Prénom :  Mickaël         Nom : Ehrminger

 

📡 MASTER 2 : Sciences cognitives & Diplôme « Sciences » de l’ENS Ulm

🛰 UNIVERSITÉ : Université Paris Descartes – École normale supérieure

🏅 DATE D’OBTENTION : 2016

 

📡 DOCTORAT : Santé publique – Recherche clinique

🛰 UNIVERSITÉ : Université Paris Saclay – Université de Versailles Saint-Quentin

🏅 DATE D’OBTENTION : 2020

 

💡 SCIENTIFIQUE PRÉFÉRÉ : Marie Curie et Stephen Hawking, qui, tous les deux à leur façon, ont montré qu’on pouvait trouver sa place dans la communauté scientifique tout en appartenant à une minorité : au début du XXe siècle, les femmes étaient très rares en sciences, et elles le demeurent malheureusement encore trop aujourd’hui dans beaucoup de domaines ; Stephen Hawking a, lui, montré que le handicap n’était pas un obstacle infranchissable.

🚀 LE TITRE DE TA THÈSE : Modélisation et quantification des déterminants de l’outcome dans les troubles mentaux sévères et persistants

 

  • Q : Pourquoi avoir fait un doctorat ?

ME : Je suis de ceux qui aiment toucher à tout et qui vont au bout des choses qu’ils entreprennent, même si le chemin peut être semé d’embûches. J’ai commencé mes études en pensant finir clinicien. Au fur et à mesure que les années avançaient, je me suis rendu compte que je pourrais peut-être être utile à plus large échelle en faisant de la recherche médicale. C’est ainsi que je me suis orienté vers un master recherche en sciences cognitives, avec une coloration en neurosciences cliniques et comportementales pour garder un pied dans la clinique. Au terme de ce master, je n’ai pas eu l’occasion de poursuivre immédiatement en doctorat, faute de financement et d’encadrant HDR sur le sujet qui m’intéressait dans le laboratoire que je souhaitais à ce moment-là. J’ai alors travaillé dans le privé, dans le milieu du conseil spécialisé dans la santé.

Un sentiment de frustration grandissait en moi, petit à petit, me laissant un arrière-goût d’inachevé dans mon parcours. J’ai alors décidé après un an et demi dans le privé de me lancer dans l’aventure doctorale : recherche d’un laboratoire, d’un directeur, d’un sujet, et surtout d’un financement…

Le laboratoire a été facile à trouver, c’était le premier résultat de ma recherche Google quand j’ai entré les mots-clés qui m’intéressaient ! J’ai pris contact avec le directeur de l’unité, nous nous sommes rencontrés quelques semaines plus tard, et nous sommes convenus d’un projet pour lequel nous avons eu la chance d’obtenir un financement par le biais de la campagne nationale des contrats doctoraux à destination des étudiants en situation de handicap.

Une sorte de pied de nez au destin : une thèse sur le handicap par un étudiant en situation de handicap. J’éprouvais au fond de moi le besoin de contribuer à la recherche médicale, et cela passait nécessairement pour moi par le doctorat.

 

  • Q : En quoi consiste ton métier actuel ?

ME : Je suis actuellement chercheur chez Kwit, une start-up strasbourgeoise qui développe une application mobile de sevrage tabagique fondée sur les méthodes bienveillantes des thérapies cognitives et comportementales. J’ai des missions qui correspondent à ce que je cherchais dans un emploi : stimulantes, diverses, en interaction avec les autres départements de l’entreprise, à l’intersection entre la santé publique, le numérique et les sciences comportementales. Je participe dans ce cadre, avec mon binôme psychologue, au développement scientifique de l’application, à monter des projets de recherche, à tisser des partenariats avec des institutions de santé et de recherche, etc.

A côté de cet emploi de chercheur à temps plein, j’ai récemment créé l’association Place des Sciences qui a un objectif de vulgarisation et de médiation scientifique, avec un accent sur les sujets de santé, du moins, pour l’instant. Je me retrouve ainsi également producteur et animateur de deux podcasts. Le premier, Les Maux Bleus, traitant de santé mentale, a été lancé le 15 avril dernier sur les principales plateformes de diffusion, avec un premier épisode sur les troubles du comportement alimentaire. Un épisode sera publié toutes les deux semaines. La deuxième émission, Recherche(s), sortira au début de l’été et traitera des pratiques plurielles de la recherche, partant d’une question souvent entendue autour de moi : « mais, au fait… c’est quoi la recherche ? ». Toutes les informations sont disponibles sur notre site : www.placedessciences.fr

 

  • Q : Peux-tu nous décrire ta semaine type ?

ME : Il n’y a pas vraiment de semaine-type ! Tout dépend au final de la priorisation des projets dans l’entreprise et du planning de développement à tenir. Mais, schématiquement, mes journées alternent entre des projets de partenariats, de la recherche stricto sensu, de l’écriture de contenu à destination des utilisateurs, etc.

Les soirées et fins de semaine sont consacrées à mon association Place des Sciences et à la production de mes podcasts : recherches d’intervenants, interviews, montage, mixage, production de contenus pour le site et les réseaux sociaux, etc.

Et pour souffler, je marche beaucoup, cela me permet de me détendre et de laisser filer mes pensées : en plus d’entretenir un peu ma forme physique, beaucoup d’idées émergent au cours de ces longues promenades.

 

  • Q : Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans tes fonctions au quotidien ?

ME : Le doctorat, au-delà de la reconnaissance internationale d’un parcours académique approfondi, apporte des compétences valorisables dans de nombreux domaines. Les années passées sur un projet de recherche complexe forment l’esprit à la mise en place et à la gestion de projet, à une manière de réfléchir particulière, à remettre sans cesse en doute ses certitudes, à reconnaître que l’on ne sait pas, et l’épreuve difficile que peut représenter la thèse pour beaucoup de doctorants fait développer une certaine endurance et une résilience face aux difficultés. En apprenant à analyser les situations, à y réfléchir de manière méthodique, on peut surmonter beaucoup de difficultés. Au final, les fondements de la méthode scientifique à proprement parler sont déjà mis à exécution par les bébés qui apprennent à découvrir le monde par un processus d’analyse, de formulation d’hypothèses, d’une succession d’essais et d’erreurs, d’apprentissage au fur et à mesure pour être à même d’appliquer a posteriori ce qu’on a découvert.

Ces compétences, je les utilise au quotidien, à la fois dans mon activité de chercheur mais aussi dans la création de mes podcasts.

 

  • Q : Quels conseils donnerais-tu aux futurs docteurs qui souhaiteraient occuper un poste similaire au tien ?

ME : Je ne saurai que vous conseiller de suivre votre instinct et de ne pas vous fixer un objectif unique et immuable : les parcours linéaires sont en réalité de plus en plus rares, et les expériences et intérêts pluridisciplinaires sont de plus en plus valorisés – en plus d’être extrêmement enrichissants sur le plan personnel. Réfléchissez à ce qui vous plait vraiment, ne vous bloquez pas dans une case. Et surtout : osez ! Écrivez aux personnes qui vous inspirent, demandez à les rencontrer ou à simplement échanger avec eux, même brièvement ; ce sont souvent de formidables occasions très enrichissantes et qui peuvent aider à tisser des liens qui pourront vous être utiles au cours de votre carrière. Enfin : rangez votre timidité et vos complexes au placard (je me permets de le dire car j’étais initialement d’un naturel très réservé, ce qui est le cas de beaucoup de thésards) et foncez, le monde est à vous !

 

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