Où en est la place de la femme dans la Recherche ?
Où en est la place de la Femme dans la Recherche en France ?
La date choisie pour la publication de cet article n’est pas anodine, puisqu’elle intervient le 8 mars, journée internationale des femmes et journée des droits des femmes en France.
On remarque des améliorations ces dernières années au niveau de l’insertion des femmes sur le marché de l’emploi scientifique :
Dans l’académie, 13% supplémentaire de femmes sont devenues professeures des universités entre 1992 et 2018 (12% en 1992 pour 25% en 2018) et 8% de plus en tant que maîtres de conférences (35% en 1992, 44% en 2018).
Dans l’effectif total de la R&D en France, elles sont passées de 38% à 47% dans le secteur public et de 22% à 23% dans le secteur privé de 2010 à 2018.
Ces chiffres reflètent les résultats des 30 dernières années de prise de conscience et d’actions dans ces domaines. Cependant, il est légitime de se demander quand ces actions pourront permettre d’atteindre une parité totale.
2070, c’est la date ou l’on pourra espérer atteindre une égalité de rémunération entre les hommes et les femmes si les efforts de ces dernières années pour rattraper cet écart se maintiennent (sur la base des chiffres actuels). Aux alentours de cette même année, la proportion de femmes et d’hommes dans la recherche en mathématiques devrait enfin être égale. En parallèle, pour atteindre cette égalité en informatique, il faudra attendre 220 ans de plus d’après une étude.
Alors quelles sont les solutions pour faire évoluer cette situation ?
Les pistes pour accélérer l’égalité
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- La législation
En 2011, les femmes ne représentaient que 20% de l’effectif global des conseils d’administrations des entreprises du CAC 40. En réponse à ce faible taux, la loi Copé-Zimmermann a été instaurée afin de mettre en place un quota qui a pour objectif final d’atteindre 40%. 10 ans plus tard, 44,6% des personnes siégeant aux conseils d’administrations du CAC 40 sont des femmes.
Ce type d’outil législatif pourrait donc permettre de réduire les écarts existants de façon plus rapide.
Outre l’outil législatif, un des pans central sur lequel repose cette parité en devenir est la mise en avant des femmes de sciences, qui grâce à cette visibilité pourront inspirer les futures scientifiques.
- Les distinctions
Ainsi, chaque année depuis 1997, le Prix L’Oréal-Unesco « Pour les Femmes et la Science » récompense 5 scientifiques dans autant de régions différentes afin de valoriser leurs travaux et leurs parcours. Lauréate du prix en 2019, Laura-Joy Boulos nous a accordé une interview qui revient sur son parcours.
Le Prix Irène-Joliot-Curie : depuis 2001, le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche récompense les travaux de femmes scientifiques françaises à travers trois catégories (femme scientique de l’année, jeune femme scientifique et parcours femme entreprise).
Enfin, il existe des initiatives, souvent sous la forme d’associations, qui luttent pour changer les perceptions et les clivages dès le plus jeune âge et promouvoir les carrières scientifiques :
- Les initiatives et associations
Femmes & sciences : Le but de cette initiative est d’accompagner et de promouvoir les sciences à tout public, de la primaire au doctorat.
L’ Association des Femmes ingénieures, Women in Technology, Women in STEM, Association for Women in Science sont des organisations qui visent à promouvoir les carrières dans ces domaines aux jeunes femmes.
In Silico Veritas, une société basée à New York créée par Aurélie Jean PhD, qui vise notamment à faire connaître ces domaines aux filles et aux femmes.
Projet européen : “L’objectif de la stratégie Europe 2020 est de porter la part des personnes âgées de 25 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur à 40% (contre 23,6% en 2002). Il est atteint depuis 2018 pour l’ensemble de l’UE28”
L’importance des “role models” pour l’attractivité des domaine scientifiques et techniques
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Ces associations mettent en avant le parcours de femmes scientifiques ce qui permet d’inspirer les plus jeunes et de leur montrer qu’il est possible pour elles de réussir dans ces domaines.
Donner de la visibilité à des parcours professionnels de personnes peu représentées dans un domaine (“Role model”) est une méthode très utilisée et étudiée par les scientifiques pour contrer les effets des stéréotypes de genres, d’origines ou d’âges liés à ces domaines. De nombreuses études scientifiques étudient l’impact des rôles modèles féminins sur la motivation des jeunes filles à poursuivre des études en science mais aussi l’impact sur leur performances dans les matières scientifiques.
Une étude réalisée en France sur des collégiennes (Bages, Vernier et Martinot, 2016) a montré que les jeunes filles bénéficient rapidement de l’effet d’un témoignage sur leurs performances, ici en mathématiques. Dans cette intervention, les collégiennes devaient, juste avant de passer un controle de mathématiques, lire les temoignages d’un homme ou d’une femme inspirant.e dans ce domaine. Les chercheuses ont observées une performance plus élevée chez les jeunes filles qui ont lu le témoignage d’une femme expliquant que sa réussite en mathématiques est dû à son travail plutôt qu’à des facilités dans cette matière.
Les différentes recherches nous apportent des pistes pour maximiser cet effet, l’exposition à un témoignage de réussite (role-model) se montre plus efficace lorsque la personne s’identifie fortement à l’auteure du témoignage et lorsque cette réussite semble atteignable.
#ScienceHerUp
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Chez Science me Up, nous avons eu la chance de recueillir des témoignages de femmes avec des domaines et des trajectoires très diverses.
Des femmes qui font la science d’aujourd’hui et de demain, et qui, nous l’espérons, inspireront le plus grand nombre d’entre nous.
Vous pourrez retrouver durant l’intégralité de ce mois de Mars l’ensemble de ces témoignages en nous suivant sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #ScienceHerUp.