Interview Pauline Charbogne PhD : Des frenchies à la conquête des USA
Pauline charbogne phd
Directrice des programmes D’ÉDUCATION chez station1
- Quel est ton parcours ?
PC : Apres une licence en chimie organique/biologie à Metz, j’ai poursuivi un master de pharmacologie puis un doctorat en neuroscience à l’université de Strasbourg. J’ai fait un détour par le Canada pour la fin de ma thèse, puis j’ai été post-doc en neuroscience pendant deux ans à Baltimore – le début de mon aventure américaine !
J’ai ensuite quitté le secteur académique pour organiser des conférences, formations et webinaires pour la communauté mondiale des neurosciences à la Society for Neuroscience à Washington DC.
J’aimais cette connexion à la recherche et le partenariat avec les chercheurs avec qui j’organisais ces formations (sans moi-même faire de recherche), mais le contact avec les étudiants me manquait.
Depuis quelques mois, je travaille pour une organisation à but non lucratif dans la région de Boston qui s’appelle Station1. J’y dirige des programmes d’éducation basés sur l’inclusion et l’équité, l’apprentissage par la recherche et projets, et l’intégration de la science et de la technologie avec perspective, responsabilité et impact sociétaux.
Je travaille avec des étudiants mais aussi avec de nombreux collaborateurs dans l’éducation supérieure, l’industrie, et le secteur public.
- Pourquoi avoir choisi de rejoindre les USA après ton doctorat ?
PC : Ma directrice de thèse a accepté un poste au Canada durant ma 3e année de doctorat. Je l’ai suivie et j’y suis restée un an et demi, le temps de monter le labo et terminer mes projets.
J’ai beaucoup aimé l’expérience d’une nouvelle culture. Lors de ma recherche de post-doc, je n’avais pas d’idée arrêtée sur l’endroit où je voulais atterrir, je voulais simplement rester à l’étranger. J’ai fait plusieurs entretiens au Canada et aux USA, et j’ai choisi de rejoindre un tout jeune labo à Johns Hopkins University à Baltimore.
J’ai basé mon choix en majorité sur la passion que j’avais envers le projet scientifique, mais aussi l’université (ressources, réputation), la ville et son environnement (taille, beaucoup d’activités, proche de Washington, New York, et Philadelphia – il y a de quoi faire dans les environs).
Cela dit, j’ai mal choisi ma cheffe d’équipe, ce qui aurait dû être ma priorité ! L’accès aux ressources de l’université et le soutien de mon réseau m’ont permis de passer à une autre étape professionnelle assez rapidement.
- Quelle est, de ton point de vue, la plus grande différence entre la France et les USA pour les PhDs ?
PC : Aux US, un doctorat est considéré comme une expérience professionnelle. Un.e doctorant.e planifie, gère, et mène à bien un projet, crée et maintien des collaborations, guide des étudiants. Les entreprises et organisations le valorisent. En France, hors académique, un doctorat est souvent perçu comme un diplôme de plus ; un doctorant est vu comme quelqu’un qui ne veut pas quitter les bancs de l’école et qui collectionne les diplômes pour ne pas sauter le pas de l’entrée dans monde du travail. Je n’ai pas travaillé en France après avoir reçu mon doctorat, donc je n’ai pas d’expérience de la façon dont un employeur français se comporte face à un docteur après l’avoir embauché.
- Quelle est l’anecdote la plus marquante de ton parcours aux USA ?
PC : J’ai découvert l’importance du networking, ou réseautage. Discuter avec d’autres qui sont hors de ta profession t’ouvre les yeux sur toutes les possibilités autour de toi. Et ces discussions peuvent arriver partout, ça n’est pas réservé au lieu de travail ! J’ai participé à la Women’s March en janvier 2017, et je discutais de mes aspirations de carrière avec une personne rencontrée ce jour : mon envie de faciliter la recherche sans en faire moi-même, mon sens de l’organisation, mon intérêt pour le travail d’équipe et les collaborations, etc.
Son métier avait l’air passionnant et parfaitement aligné avec ce que j’aurais voulu faire. Cette même personne m’a embauchée près d’un an et demi plus tard. Je repense souvent à cette histoire quand j’ai envie de m’éclipser de la « networking break » d’une conférence…
- Tu as créé l’association «D-Fi USA». Peux-tu nous en dire plus sur ses actions et ses membres ?
PC : Nous sommes 5 créateurs, c’est un travail d’équipe ! Mes merveilleux collègues sont (par ordre alphabétique) Audrey Boyer, Gaëtan Herbomel, Louise Lassalle, et Pierre-Christian Violet. Nous sommes tous bénévoles, et docteurs Français – 3 aux USA, 2 repartis en Europe.
Partir de son pays, être loin de sa famille, de son cercle social, ce n’est pas évident. A tout ça s’ajoute le stress de la bureaucratie et une nouvelle langue. On peut vite se sentir dépassé. Le point positif c’est que nous sommes nombreux à être passés par là, et que l’on peut apprendre des expériences des autres. Nous voulions promouvoir l’entraide dans notre communauté.
Nous avons créé le réseau D-Fi (pour Docteurs Français à l’International) USA pour rassembler les scientifiques ayant obtenu leur doctorat en France et poursuivant leur carrière aux Etats-Unis. Nous encourageons également la participation des docteurs repartis en France souhaitant partager leur expérience passée outre-Atlantique. Les discussions se font sur Slack, mais nous sommes également présents sur LinkedIn, Twitter, Facebook, et notre site internet. Nous voulons faciliter l’arrivée de nouveaux PhDs aux États-Unis, favoriser l’échange d’opportunités professionnelles, et enfin favoriser l’échange d’expériences aux États-Unis et lors de retour en France ou en Europe.
Nous avons créé le Slack en novembre 2019, et nous sommes déjà plus de 130 membres – et autant d’histoires de vie ! Si vous hésitez encore, sachez que nous avons même un channel pour partager nos meilleures adresses de boulangeries ! Pour nous rejoindre, remplissez simplement ce court formulaire.
- Quels conseils donnerais-tu aux doctorants/docteurs ayant pour projet de rejoindre les USA ?
PC : Je ne voudrais pas faire de la pub à D-Fi, mais j’ai entendu dire qu’ils listaient des infos générales « avant de partir » sur leur site ! Blague à part, j’ai deux choses qui me viennent en tête. La première, c’est renseignez-vous spécifiquement sur votre destination (ville/état) avant de partir, ça peut être utile lors de vos préparatifs.
Par exemple, je vous conseille vivement de trouver un logement avec climatisation à Baltimore (alors que je trouvais qu’une clim était superflue en France). Je n’avais pas bien estimé le climat avant d’arriver ! La deuxième : si votre anglais n’est pas parfait, ce n’est pas grave, ça s’apprend. Et pour apprendre, be ready to mingle! Quand je suis arrivée il y a 4 ans, mon anglais de travail était correct, mais mon vocabulaire non-scientifique était très pauvre. J’ai amélioré mon anglais en discutant quotidiennement avec mes colocs (tous Américains), et en étant souvent très inconfortable ! Il y a des jours où je n’arrivais pas à suivre et j’étais plus témoin de leur conversation que participante.
Mais je restais malgré tout, et je pense que j’ai doublé mon vocabulaire en un été.
Worth it.
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